Florence



Cette fois-ci, mon travail m’a amenée à rendre visite à trois étudiantes qui font un stage dans les montagnes népalaises. 

Je suis accompagnée d’une collègue qui est déjà venue plusieurs fois dans ce pays pour faire du trekking. Après l’avion qui nous a conduites jusqu’à Katmandou, nous avons loué une voiture et son chauffeur pour nous conduire à Besi Sahar, une ville qui se trouve aux pieds des montagnes. Quatre heures de route pendant lesquelles j’ai cru rencontrer ma mort à plusieurs reprises : les Népalais semblent avoir une conception très personnelle du code de la route… Puis nous sommes montées dans une jeep qui effectuait les petits trajets locaux : 3 h où l’on a roulé au maximum à 20 à l’heure, ballotées par les cahots (1) et les ornières (2), entassées avec plus d’une vingtaine de personnes. Enfin arrivées au sommet d’une montagne, je croyais les difficultés terminées. Mais non, elles ne faisaient que débuter : encore 2h45 de descente à pied dans des escaliers sans fin ! Aïe, mes genoux !!! 
Nous avons passé quelques jours inoubliables avec les étudiantes. Mais il faut rentrer à Katmandou. Lever à l’aurore (3). Un thé sucré et la cuisinière nous « bénit (4) » pour que nous fassions bon voyage. Des grains de riz mélangés avec de l’eau collés sur le front et des fleurs accrochées aux oreilles : c’est vraiment joli mais ça gratte un peu ! Et nous voilà à remonter une nouvelle fois toutes les marches.

3h15 pour remonter les marches de ce gigantesque escalier. Il fait un temps superbe : l’air est transparent et nous laisse voir les hauts sommets qui nous entourent, que nous n’avions pas vus à l’aller à cause d’une brume (5) épaisse. Nous attendons la jeep pour redescendre.
Bien sûr, ici, pas de grille des horaires ni de voyageurs qui se plaignent (6) pour un retard de quelques minutes. Il faut simplement attendre. L’épicier local finit par nous apprendre que comme ce jour-là est férié, la jeep ne partira probablement que le lendemain. Ou alors le jour suivant. Peut-être. Que faire à part descendre à pied ???
D’après le commerçant, il y en a pour 2h. Sauf que… les Népalais marchent dans les montagnes depuis leur plus tendre enfance ; moi, je suis une fille de la mer et de la plage !!! Pour nous, ce sera sûrement beaucoup plus ! Bon, de toute façon, il n’y a pas d’autre solution. Allez, courage, on est parties ! Au début, ça va plutôt bien : on suit la piste de la jeep. S’il s’agit juste de marcher, je pense que je peux aller loin. Mais plus tard, on prend un chemin qui va en se rétrécissant (7) pour aboutir en un interminable escalier. Des milliers de marches pour arriver jusqu’à la rivière et la route qui se trouvent tout en bas. Je ne sais pas quel est le dénivelé (8) et je crois que je préfère ne pas le savoir. Nous traversons de magnifiques paysages, avec un panorama grandiose. Nous rencontrons des paysans, des enfants, des villageois, tout un petit peuple habite ces montagnes.
Mais la beauté des paysages ne suffit pas… La fatigue commence à se faire de plus en plus présente. Je marche à présent comme un robot : un pied devant l’autre et on recommence. Je suis épuisée, vidée, exténuée, harassée, fourbue, éreintée (9) ... Il me semble qu’à un moment, j’ai même souhaité être dans mon bureau...
Après 5 heures de marche supplémentaires, ponctuées de 4 ou 5 arrêts de quelques minutes, nous rejoignons la route et attendons le bus qui, par chance, passe un petit quart d’heure plus tard. Nos sacs à dos envoyés sur le toit, nous jouons des coudes (10) et défions (11) les lois de l’équilibre pour faire face aux cahots et ornières, dans le but d’atteindre le dernier rang dans le bus (presque…) plein. Pour ce faire, il faut juste enjamber (12) un bouc (13) et quelques chèvres. Le bouc semble copiner (14) avec ma collègue qui reçoit son haleine (15) parfumée pendant la petite demi-heure que va durer notre trajet jusqu’à Besi Sahar.
Le lendemain, retour en bus vers Katmandou. 7h de trajet un peu ennuyeux, mais bon... Comment font les Népalais pour dormir malgré les secousses ??? Le jour suivant, nous reprenons l’avion pour rentrer en France et reprendre notre routine. Une dernière petite chose étonnante : en arrivant à l'hôtel, le soir juste avant notre départ, nous avons vu une voiture garée dans la cour, capot (16) ouvert, avec des fleurs et des fruits disposés sur le moteur. Et voilà la meilleure façon d’entretenir son véhicule : des offrandes aux dieux. C'est sûr qu'avec ça, il va marcher encore mieux ! Nos garagistes devraient peut-être s’inspirer de ces pratiques… Ça coûterait moins cher !






Il y a quelques mois, j’ai eu l’occasion d’aller en Corée du sud avec une collègue pour visiter une université à Chonnam, au sud du pays. 

J’ai tout d’abord participé à quelques réunions de travail. On pourrait imaginer qu’une réunion de travail ressemble à une autre, que ce soit à New-York, à Paris ou à Pékin. Bien sûr, dans une certaine mesure, c’est vrai. Toutefois, il y a aussi de très notables (1) différences : en Corée, par exemple, nous étions dans une pièce plutôt petite presque entièrement occupée par 2 énormes canapés et 2 gros fauteuils avec, au centre, une grande table basse. On nous a offert un thé dans une magnifique théière en porcelaine fine et une grosse part d’un gâteau d’un beau vert tendre, tout dégoulinant (2) de crème, un gâteau au thé vert, nous a-t-on dit. Ça ressemblait tout à fait à un « tea time » avec des invités de marque (3) … 
En France, nous avons plutôt l’habitude de faire nos réunions de travail autour de tables, assis sur des chaises souvent peu confortables. Si nous buvons quelque chose, c’est généralement du café ou du thé en sachet et si nous mangeons, ce sont des gâteaux secs, des madeleines, des biscuits. Habituellement, rien qui se mange à la cuillère !
Nous avons discuté avec quelques professeurs qui parlaient dans un anglais impeccable mais avec un accent asiatique « à couper au couteau (4) » ! Ils étaient très attentifs et nous les sentions prêts à tout pour rendre notre séjour agréable.

Ensuite, on nous a proposé de nous emmener visiter le marché local. Des montagnes de choux, des piments, des poissons séchés, … Mais aussi des mixtures (5) bizarres. Je me demande bien ce qu’il peut y avoir dedans. En tout cas, ça sent… euh… ça sent… je ne saurais pas trop dire ce que ça sent mais… ça sent fort, c’est le moins qu’on puisse dire ! Vous pouvez remarquer qu’au marché, vous n’avez pas le droit d’être accompagné de votre éléphant !
Le soir, notre hôte nous a invitées dans un restaurant coréen traditionnel. Il s’agissait d’une très belle bâtisse (6) de type asiatique. A l’intérieur, sur les bords de la pièce principale, il y avait une sorte de trottoir en hauteur qui desservait (7) de petits bungalows qui composaient le restaurant. Dans chacun, un petit salon privé qui ne contenait qu’une table très basse. Pas de chaise !
Il fallait tout d’abord se déchausser à l’entrée de la pièce. Je me suis assise sur le petit trottoir, j’ai ôté (8) délicatement mes chaussures et j’ai posé les pieds sur la moquette (9). Mais avec un regard un peu désapprobateur (10), on m’a gentiment fait comprendre que ce n’était pas très hygiénique… Aïe… J’ai commis un impair (11) : je ne savais pas qu’il fallait enlever sa chaussure et poser son pied directement sur le trottoir.
Dans ces petits salons, les convives (12) s’assoient en tailleur (13) autour de la table basse. Heureusement, je portais un tailleur pantalon (14), ce qui facilitait la position assise. En revanche, ma collègue portait une jupe droite un peu serrée; elle ne pouvait pas s’asseoir en tailleur et a eu du mal à trouver une position dans laquelle elle se sentait à l’aise. Elle a passé tout le repas à essayer de trouver une solution pour ne pas avoir l’air ridicule.

Le professeur qui nous accompagnait est vraiment un homme incroyable. Avant mon voyage, j’avais échangé quelques mails avec lui, écrits dans un français très correct, érudit même. Il m’a expliqué qu’il avait étudié le français tout seul dans sa jeunesse grâce à seulement 2 livres : la Bible et un dictionnaire. Il lisait les phrases, cherchait tous les mots dans le dictionnaire puis déduisait (15) les règles de grammaire à travers ce qu’il comprenait. Ce qui explique son vocabulaire recherché. 
Nous avons beaucoup parlé, de très nombreux sujets ont été abordés. Par exemple, il nous a raconté qu’il pratiquait le yoga depuis très longtemps. En particulier, il faisait des équilibres (16) sur la tête, qu’il tenait pendant de longues minutes. Il a voulu nous faire une démonstration immédiate : il a poussé les coussins sur lesquels il était assis et le voilà le crâne sur le sol et les pieds en l’air, tout à côté de la table sur laquelle s’étalait notre dîner fin… Nous avons donc parlé de yoga, puisque je le pratique aussi depuis plusieurs années. Alors, pour ne pas démériter (17), j’ai fait moi aussi une démonstration (non, vous ne verrez pas la photo !!!). Evidemment, le professeur a voulu essayer lui aussi cette posture. C’était une scène à la fois d’une grande drôlerie, sans forfanterie (18) aucune, en toute simplicité et gentillesse. Les autres participants au repas riaient de bon cœur (19) et nous étions ravis, le professeur et moi-même, de faire l’animation de ce repas qui aurait pu être un peu ennuyeux. Mais non, vive l’amitié franco-coréenne !



Aujourd’hui, les Françaises font le plein (1) !  

Ma collègue et moi sommes arrivées sur le sol américain par Atlanta, pour continuer jusqu'à Denver. Une heure d'attente uniquement pour la douane, enlever/remettre les manteaux, chaussures et ceinture, vider/remplir les sacs, montrer/ranger les ordinateurs, etc... les joies des aéroports ! Bref ! 
A Denver, nous avons pris un bus pour nous rendre au parking de location des voitures et nous voilà bouche bée (2) devant la voiture qui nous est réservée : il s'agit d'un énôôôôrme 4x4 !!! Comme vous le savez, en France, nos voitures sont plutôt petites. De plus, je suis supposée en être la conductrice car ma collègue a déclaré d'emblée son peu de goût pour la conduite. Aïe ! Effectivement, à peine assise au volant (3), je n’arrive pas à trouver comment passer à la position "marche" (bien évidemment, c'est une voiture automatique ; en France nous n'avons pas l'habitude de conduire des voitures automatiques). Et les phares (4) ? Où sont les phares ? Et le frein à main ???
Premier kilomètre, je roule comme une mamie, dans cet engin de guerre, un peu crispée (5), il faut bien le dire ! Un premier feu, je m'engage sur une bretelle (6). Tiens, la police derrière nous ! Euh... tous gyrophares (7) et sirène (8) allumés... Euh… est-ce qu'il ne faudrait pas s'arrêter dans ces cas-là ?? Bon, je me mets sur le côté, on verra bien. Aïe, la voiture de police s'arrête aussi. Qu'est-ce que j'ai fait ??? Comme j'ai beaucoup regardé de films policiers américains, je sais que la coutume locale est de ne pas descendre du véhicule et de garder les mains bien visibles sur le volant. OK, je fais ça ! Le policier marche dans ma direction, je le vois dans le rétroviseur (9) défaire la sécurité de son arme... Hum hum, tout va bien ! De l'autre main, il pointe une lampe torche (10) vers l'intérieur de la voiture pour vérifier qu’il n’y a pas de chargement inapproprié. Hum hum, tout va bien... Il reste un pas derrière moi, je descends la vitre et il prononce, probablement sans respirer, une longue phrase à laquelle, dans l'affolement (11), je ne comprends pas un seul mot. Je lui offre mon plus beau sourire en montrant que je suis vraiment désolée (je ne sais pas encore pourquoi mais je suis très certainement désolée !). Heureusement, ma collègue est là : elle explique au représentant de la force publique que nous sommes 2 Françaises et que nous venons juste de débarquer de l’avion de Paris. Le temps pour moi de me ressaisir et de mobiliser mon énergie pour que les mots du policier arrivent enfin à mon cerveau. J'ai compris : je me suis arrêtée au feu vert et je suis passée au rouge. Pour comprendre cet étrange phénomène, il faut savoir qu’en France, les feux tricolores se trouvent avant de traverser le carrefour ; en revanche, aux USA, il se trouve de l’autre côté du carrefour. J’ai donc respecté le feu pour les automobilistes qui sont sur la route que nous allons croiser ! Le policier, qui a vite compris qu'il n'a pas à faire à de dangereux terroristes, me demande, tout de même un peu amusé, si je ne suis pas "intoxicated", ce que je nie (12) énergiquement. Finalement, l’étiquette « Françaises juste débarquées de l’avion » doit le convaincre de notre innocence et il nous laisse repartir.

J’ai eu peur… Je nous imaginais déjà derrière les barreaux (13) !

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