Sophie


Après quelques jours de visite à Lima, capitale du Pérou, je remonte peu à peu la côte péruvienne, droit devant, pour atteindre l’Équateur.
L’Équateur. Ce n’est pas seulement le nom de la ligne imaginaire qui traverse la Terre, c'est également le nom d’un petit pays, au nord du Pérou. Dernière ligne droite en quelque sorte pour moi, car c’est en là que se termine mon voyage. Dans quelques jours, je prendrai mon avion à Quito, la capitale, pour regagner (1) la France. J’ai hâte de revoir ma famille et mes amis. Je me demande quels regards je vais avoir sur mon pays après toutes les expériences que j’ai vécues en voyage. Est-ce que je reviendrai un jour en Amérique du Sud ?

Je profite de mes dernières heures de vacances. Avant de visiter Quito, je pars observer les baleines au large de Puerto Lopez, petite ville côtière. C’est la fin de la saison pour les voir, mais un guide m’a dit qu’avec un peu de chance, il y en aurait peut-être encore quelques unes. Le matin de bonne heure (2), je pars donc sur un petit bateau accompagnée de quelques touristes. Il faut un peu de patience et ne pas trop avoir le mal de mer (3). Tout à coup, un monstre des mers surgit devant nous. Une baleine ! Je pousse un cri d’émerveillement quand elle pointe le bout de son nez (ou plutôt de son museau (4)). Je finis mon voyage en beauté avec ce moment intense, au milieu de l’Océan Pacifique. C’est un moment magique.

Quito. Je passe mes deux dernières journées dans la capitale pour choisir les derniers cadeaux à offrir. L’heure du retour va sonner, mon avion est à l’heure mais avant d’atterrir en France, j’ai une escale (5) de quelques heures à Madrid, en Espagne. J’en profite pour sortir un peu de l’aéroport ce qui provoque un vrai choc : à peine sortie dans la rue, je me rends compte immédiatement que je ne suis plus en Amérique du Sud. Les enfants sont tout propres, portent des habits à la mode, ils sont habillés avec des vêtements de marque, les routes sont goudronnées (6), il y a un métro, silencieux, il y a des passages piétons et les automobilistes s’arrêtent pour que je puisse traverser… Toutes ces habitudes européennes qui ne sont plus les miennes, mais certes bien agréables ! Enfin, je reprends un dernier vol pour Marseille, en France. Je me demande si ces sept mois de voyage m’auront changée, grandie. Sept mois d’expériences uniques à jamais gravés dans ma mémoire.  

C’est la fin de la rubrique «  Le voyage de Sophie ».

J’espère que mon aventure aura donné à d’autres l’envie de réaliser leur rêve car si je ne devais retenir qu’une leçon de mon aventure, c’est qu’il faut vivre pour ne pas avoir de regrets plus tard.


 
Il est temps pour moi d'aller au coeur du Pérou, à Cuzco, ville inca et point de départ de la vallée sacrée.
Cuzco est un point central pour tous les touristes venus au Pérou visiter la vallée sacrée et le célèbre Machu Picchu, l’une des sept « nouvelles »merveilles du monde. La ville magnifique a préservé de nombreux vestiges (1) de cette époque. Dans la Vallée Sacrée, il y a de nombreux villages incas étonnants de beauté où l’on peut admirer toute l’ingéniosité (2) de cette civilisation, notamment avec des cultures en terrasses et des systèmes d’irrigation.


J'ai été profondément marquée par un endroit appelé salinas, à Maras dans la vallée sacrée. C'est à plusieurs kilomètres de la route principale. Pour y aller, on a le choix entre parcourir les dix kilomètres à pied ou prendre un taxi ; je choisis la solution du taxi. De plus, le conducteur est très intéressant et me raconte l’histoire des salines. Une rivière salée coule dans cette vallée depuis l’époque des Incas, ce qui explique la formation de bassins de sel. Découvrir ces salines au beau milieu de la Cordillère des Andes est un moment époustouflant (3) : plus de quatre mille bassins taillés dans le vallon permettent de faire vivre plus de quatre cent cinquante familles. On obtient un bassin de sel par héritage (4). Notre chauffeur de taxi bien sympathique en possède soixante-dix. Après m’avoir fait visiter le lieu, il m’offre un cristal de sel que je garde précieusement. 

Il faut déjà repartir, car demain matin, je serai au Machu Picchu et je veux être en forme pour cette journée tant attendue. La route est longue pour arriver à la célèbre cité inca. Il ne me reste qu’à prendre le bus déjà complet à 8 heures du matin, il mène jusqu’à l’entrée du Machu Picchu. Je ressens une drôle d’énergie quand je pénètre (5) dans cet endroit protégé, il y règne une atmosphère étrange. Les nuages et la brume (6) qui l’entourent rendent la cité plus mystérieuse encore, la voir semble irréel. Une expérience à vivre qui dépasse le pouvoir des mots.

   

Après quelques jours passés en Bolivie à La Paz, capitale la plus haute du monde, je prends la route pour le Pérou. 
Tout à coup, alors que nous roulons à 3800 mètres d’altitude, j’aperçois une grande étendue d’eau. Ma première réaction est un étonnement : « Oh, un lac ! ». Si haut perché (1), ce ne peut être que le lac Titicaca, le lac le plus haut du monde face à moi. Avec les montagnes enneigées (2) en fond, ce paysage ressemble à un dessin. La frontière Bolivie-Pérou se situe au bord du lac, et je passe cette limite sans problème. Le lac abrite des îles naturelles, telles que la Isla del sol, l’île du soleil. C'est l'excursion que je prévois pour le lendemain. 
La Isla del sol. Dans le bateau qui m'emmène, je sympathise avec Mariana, une petite fille bolivienne de deux ans qui m’accompagne durant toute la traversée. Elle est avec sa maman et son petit frère. Tous les jours, cette famille s’installe sur l’île pour vendre son artisanat aux touristes.
Au sud de l’île, il y a d’abord des ruines incas à voir. Puis, pour revenir au nord de l’île, là où nous attend le bateau, je dois emprunter « la route sacrée de l’éternité du soleil », un nom qui en dit long… Dix kilomètres de balade sur les crêtes (3)  de l’île qui permettent d’observer de magnifiques points de vue au plus haut de l’île. C’est de là qu’on remarque l’étendue du lac qui paraît être une mer. L’eau est claire ; seuls les pics enneigés au loin me prouvent que je suis loin de la Méditerranée.
Je me dis que j’aurais dû réfléchir avant de m'engager sur ce chemin. La route est longue et je n’ai pas beaucoup de temps car le dernier bateau part à 16 heures. Je vais lentement à cause de l’altitude, moi qui ai grandi au niveau de la mer ! Mis à part quelques touristes, je ne croise que des ânes et des mulets (4). Enfin, je vois le bateau au loin et mon amie qui me fait de grands signes tout en bas ! Le bateau va partir et je rassemble mes forces pour dévaler (5) les dernières marches à toute vitesse afin de ne pas le rater.
Je découvre quelques jours plus tard une autre île sur le lac Titicaca. Celle-ci est artificielle. C’est une île flottante. Ce n’est pas le célèbre dessert français mais une île construite sur des roseaux (6). J’ai l’occasion de m’y rendre dans une barque qui me dépose sur l’île Uros, accompagnée d’un petit groupe de touristes. Quand je débarque du bateau, j’ai l’impression de marcher sur des œufs, les roseaux forment une couche compacte qui flotte sur l’eau, chaque pas est contrôlé, lent. Cela ressemble à une mousse humide. Des habitants vivent sur ce genre d’île à l’année, dans des petites cabanes également en roseaux. Certaines îles ont été reconstituées pour montrer aux touristes la vie insolite (7) de ces habitants sans les gêner.

Apprenant que je vis à Marseille, le capitaine du bateau me raconte qu’une Marseillaise a vécu trois mois sur les îles flottantes pour étudier la vie de ses habitants. Elle a ensuite écrit un livre sur son expérience, et je me promets de le lire à mon retour en France. Le capitaine me raconte en quelques mots comment ce peuple a été amené à vivre de cette façon. La communauté Uros était très riche à l’époque, elle possédait de nombreux hectares de terres. Ils en furent chassés par les conquistadors, c’est pourquoi ils ont construit ces îles flottantes pour rester vivre dans leur région mais sans leur terre.


Je continue mon voyage en visitant la Bolivie, dont je ne connais pour le moment que le salar d’Uyuni. J’arrive maintenant à Samaipata.  
Je m’installe pour quelques jours dans un endroit paisible (1) appelé « Le jardin » un camping écologique construit avec du matériel de récupération. Je me sens bien dans cet endroit où sont installés un peu partout des hamacs (2). Aux alentours du village, il y a un grand choix de randonnées (3), il faut alors que je me décide en fonction de mon niveau et de mes envies. Il y a également un site historique nommé El Fuerte. Un guide bolivien propose une visite guidée. Il y a trois autres Français, un Espagnol, un Brésilien, et deux Hollandais ; nous formons rapidement un groupe. Le guide nous explique la vie d’une civilisation qui était là bien avant l’arrivée des Incas. Il nous parle du culte du soleil et cette visite en espagnol, dans ce lieu étrange est très intrigante (4). 

Ayant sympathisé (5) durant la visite, notre petit groupe décide de passer l’après-midi à quelques kilomètres. Il y a un sentier à parcourir, bordé par des cascades (6), l’occasion de se rafraîchir par cette forte chaleur ! Le soir, lors du repas avec mes nouveaux amis, je discute avec le restaurateur. Je ne remarque pas immédiatement qu'il est français mais en lisant le menu, je note des plats typiques de mon pays, tel que la ratatouille. Il m’explique qu’il vit à Samaipata depuis plus de 10 ans avec sa femme bolivienne. La vie est parfois surprenante, il n'aurait jamais imaginé vivre en Bolivie !
Après quelques jours de repos à Samaipata, je retrouve une amie française à Cochabamba, à environ 400 km. 

Cette ville de Bolivie est connue pour posséder le plus grand marché du pays. Je suis émerveillée, j’ai envie de tout acheter : les tissus colorés, les ponchos, les bonnets, les hamacs… Mais il faut que je fasse un choix, car mon sac à dos est petit et surtout il faudra porter tout ce que je vais acheter. Je me promets de revenir un jour, avec une valise vide pour ramener tout ce qui me plaît ! Dans certains coins du marché, des vendeurs sont installés directement sur le sol. C’est très animé, il y a beaucoup de monde, les gens crient de tous les côtés. Des femmes boliviennes portent leurs bébés dans le dos, installés dans des tissus multicolores. Certaines parties du marché sont plus organisées que d’autres, avec des allées classées par types de produits. Nous traversons l’allée des « offrandes (7) » où se trouvent notamment des fœtus (8) de lamas. Cette offrande est enterrée dans les fondations des maisons en construction pour assurer la prospérité (9) des occupants. 
Après quelques jours à Cochabamba, nous arrivons à La Paz, capitale la plus haute du monde. J’en ai le souffle coupé, au sens propre comme au figuré. En effet, voir cette ville au plus près du ciel est une image spectaculaire mais à 3200 mètres d’altitude, respirer est difficile et le moindre effort m’essouffle (10). Il me faudra quelques jours pour m’acclimater à ce nouveau mode de vie, en hauteur.





Me voici partie pour trois jours dans le salar d’Uyuni et la région du Lipez au sud de la Bolivie. C’est un vaste désert de sel, très impressionnant. 
Durant la traversée, je croise une cycliste sur une piste qui est ici toute seule, en plein désert. Justement, je lis à cette période un livre de Julien Leblay, Cap sur Ushuaia , qui raconte son voyage à vélo de Lima au Pérou jusqu’à Ushuaia, au sud de l’Argentine. Dans son livre, il détaille (1) notamment sa traversée du désert de sel, certainement l’une des étapes les plus difficiles de son voyage. Pour ma part, je fais la traversée en 4x4 avec un groupe. Nous sommes huit dans la voiture, mais je comprends ce qu’a pu ressentir l’auteur-cycliste au milieu de cette étendue de plus de 12 000 km², qui ne connaît pour frontière que les chaînes de montagnes et le ciel. Durant trois jours, notre chauffeur nous fait découvrir des paysages grandioses : l’Arbol de Piedra, les volcans, l’Isla del mar, la lagune (2) verte et bien d’autres paysages sans nom mais tout aussi époustouflants (3). Quant aux animaux, nous rencontrons des flamants roses, des lamas et leurs cousins, les vigognes.

Le premier soir, nous arrivons près d’une bâtisse construite en briques de sel. À première vue, je pense que le chauffeur nous fait une farce (4) mais, c’est bien la réalité, nous allons vraiment dormir au milieu de nulle part, dans cet hôtel de sel, sans chauffage ni eau. La douche devra attendre !
Heureusement, notre chauffeur a tout prévu pour que l’on se restaure et se réchauffe avec du thé chaud. La nuit est froide et courte car dès 5h du matin, nous nous levons pour aller voir les merveilles naturelles qui nous entourent.
L’un de mes meilleurs souvenirs est lorsque, à plus de 5 000 mètres d’altitude, nous observons les geysers (5) de boue (6). J’ai l’impression d’être sur un paysage lunaire ; être ici est à la fois fascinant et angoissant (7).
Le tour se termine à la frontière entre la Bolivie et le Chili. À une cinquantaine de kilomètres de là, se trouve un petit village du nom de San Pedro d’Atacama. Je le visite ainsi que ses alentours, cette fois-ci, à vélo ! Je loge dans "La casa de la musica", une auberge conviviale (8) tenue par une Française et son mari chilien. Je m’installe pour quelques jours avant de repartir sur la route.



Après plusieurs jours au Paraguay, je me rapproche du fleuve. Je dois maintenant trouver un bateau pour traverser le Rio Paraguay qui me sépare de l’Argentine. Arrivée au petit port, je remarque qu’un bac (1) chargé de camions traverse le fleuve, mais il est interdit aux personnes à pied. Heureusement, je peux monter dans une petite embarcation (2) remplie de fruits et légumes. Après avoir traversé la frontière, je prends un bus pour rejoindre un ami et partir à la découverte de la Quebrada de Humahuaca. Nous faisons du stop pour visiter la région, car dans cette zone plutôt sauvage, il n’y a pas de bus.
Un peu plus tard, un vieux monsieur s’arrête et nous amène dans sa petite voiture. Il se fait une joie (3) de nous montrer sa région. Nous prenons des photos sur le monument situé sur la ligne du Tropique du Capricorne, ensuite nous croisons des lamas (4). J’aime beaucoup ces animaux et je suis ravie d’en voir pour la première fois. 
Puis, notre sympathique papi (5) argentin nous amène visiter sa maison. Nous roulons certainement dans l’un des endroits les plus perdus que j’ai traversés durant mon voyage ! Sa maison est en construction, destinée à la location pour ceux qui voudraient passer quelques jours en pleine nature. Enfin, nous arrivons à destination : Humahuaca. Nous disons au revoir à notre ami argentin et partons à la découverte du village. Il se situe tout près de la frontière bolivienne et cela se ressent dans le style de l’artisanat (6) qui y est vendu. 
Le lendemain matin, nous partons sur la route 52 afin de voir un grand désert de sel. Nous nous arrêtons d’abord au village de Purmamarca, connu pour sa Montagne aux sept couleurs. Pour arriver ensuite aux Salinas grandes, nous devons passer un col (7) situé à 4107 mètres d’altitude. Heureusement, la veille, nous avons acheté des feuilles de coca, qui permettent de supporter le mal de l’altitude. Le but n’est pas de mâcher (8) la feuille mais de la bloquer entre les dents et la joue le plus longtemps possible, et d’avaler le suc de la feuille pour que l’effet fonctionne au mieux.

Sur la route, le bus s’arrête dans le désert de sel. Une grand-mère descend avec de lourds sacs à porter. Voyant mon étonnement, le chauffeur de bus m’explique qu’elle vit dans un petit camp que l’on ne voit pas de la route. Enfin, nous arrivons aux Salinas. Il y a de nombreuses années, la mer se trouvait à cet endroit ; maintenant qu’elle s’est retirée, il ne reste que ce désert de sel. Ce n’est pas le plus grand du monde, son concurrent est situé plus au nord, en Bolivie. Mais celui-là, j’aurai l’occasion de le voir dans quelques jours…



Après un séjour au Brésil, mon visa français d'une durée de 3 mois touche à sa fin. Il est temps pour moi de partir à la découverte d'autres pays qui composent l'Amérique du Sud : je poursuis mon voyage au Paraguay.
À mon arrivée au Paraguay, je me rends aux missions (1) de Trinidad. Je suis seule dans ce lieu où règne une ambiance étrange. Ici, au XVIIe siècle, vivaient les Indiens Guaranis, devenus catholiques par la suite. Les restes de la mission sont très bien préservés, et je m’imagine ce que devait être la vie des Indiens à cette époque.

Le lendemain matin, Lucio me reçoit chez lui. Il habite à quelques kilomètres de la capitale du Paraguay : Asunción. Il a 30 ans et vit chez ses parents, c’est commun en Amérique du Sud. Toute sa famille vit à proximité (2). De l'autre côté de la propriété, sa sœur est installée avec son mari et ses deux fils. J'ai une longue discussion avec eux. Elle s'est mariée à 20 ans et depuis, elle vit ici, à quelques pas de ses parents. Elle travaille mais m'explique qu'elle ne trouve aucun intérêt à faire des sorties seule, sans son mari ! Alors, elle a du mal à comprendre pourquoi je voyage seule sans homme pour me "protéger" ! La question de la sécurité reviendra très fréquemment (3) durant mon voyage : "Tu n'as pas peur ?", "c'est dangereux !".


Les parents de Lucio tiennent une épicerie et sont traiteurs (4). Durant mon séjour, je vais enrichir ma culture gastronomique et découvrir les secrets de la cuisine paraguayenne. Chez mon hôte (5), il y a tout le matériel nécessaire pour fabriquer la farine de maïs qui va servir dans de nombreux aliments. Le maïs est l’un des ingrédients principaux du Paraguay. J’en mange dans la « sopa paraguaya » (qui n’est pas une soupe comme son nom l’indique, mais plutôt une sorte de gâteau) et le « chipa guazu » (tarte de maïs). Je goûte également le vori vori (plat typique guarani) et boit du « cocido quemado » (le thé du Paraguay). La maman de Lucio m’apprend à cuisiner les « empanadas » à la viande et au poulet. Ainsi, je pourrais faire de la cuisine paraguayenne à mon retour en France. Lors d’un week-end, je me rends à la fête de la fraise. Aregua, petit village proche d’Asuncion, est connu dans tout le Paraguay pour son importante production locale. Lors de cette fête, la fraise est sous toutes ses formes : glace, gâteau, salade de fruits, confiture, liqueur…


Avant de quitter le Paraguay, je monte au Cerro Lambaré pour avoir une vue sur le fleuve Paraguay et sur la capitale. Là-haut, la statue d’un indien guarani domine la ville et je lui fais un dernier salut avant de partir pour l’Argentine en bateau.





Après la visite de Bélem, Sao Luis et Fortaleza, je poursuis la descente du littoral brésilien et arrive à Récife. Je pars m’installer quelques jours chez Yuri et sa grande famille, dans un quartier sur les hauteurs de la ville.
Yuri est un jeune garçon de 17 ans qui apprend le français à l´école. Lorsque j’arrive chez lui, sa grand-mère que l’on appelle “Tia” attend sur le pas de la porte (1). À la minute où j'entre dans leur maison, je suis étonnée. En effet, il y a beaucoup de gens qui discutent et préparent le repas dans la petite cuisine. Je fais connaissance avec la soeur de Yuri, sa maman, ses tantes, ses oncles et plein d’autres femmes, voisines et amies. Quelle grande famille ! On m’installe à table avec Yuri, il y a plein de nourriture : feijao, riz, saucisses, jambon, gâteau de manioc. Tout le monde m’observe, soucieux (2) que je ne manque de rien. On me sert à manger, on m’apporte de l’eau dès que mon verre est vide. Yuri m’apprend que je suis la première Française que lui et sa fa
mille rencontrent !
Les repas sont très animés, tout le monde est très sympathique et souriant. Yuri s’amuse à faire répéter des mots français à ces personnes qui ne connaissent pas d’autre langue que le brésilien : “bonjour”, “merci”. Lorsque j’essaie de parler en portugais, toute la famille rit car on ne me comprend pas toujours. Quand Yuri est présent, il peut traduire mais quand il n’est pas là, il faut utiliser le mime (3), l’imitation, ce qui donne lieu à des situations cocasses (4). Yuri est un garçon très drôle. Son rêve est de venir passer une année en France et il voudrait intégrer l’école du cirque. Je le vois très bien travailler dans ce domaine. Il aime rire et faire rire, il aime danser. Sa grand-mère m’étonne chaque jour par son énergie débordante. Chaque matin de bonne heure (5), elle nettoie le linge de toute la famille, y compris (6) le mien ! Après seulement quelques jours, tout le monde me fait sentir que je fais partie de la famille. C'est dimanche. Nous sommes invités à la "baby show" de la demi-soeur de Yuri. Nous partons à pied en passant par des ruelles minuscules aux escaliers étroits (7). La fête se passe au coeur du quartier. Les tables sont installées dehors. Dans la salle, il y a les gâteaux et les dragées (8). Bientôt, toutes les femmes sont invitées à participer à des jeux. On forme une ronde (9) et on se fait passer un ananas, comme une “bombe”. Quand la musique s'arrête, celle qui porte l'ananas tire au sort (10) un morceau de papier et doit faire ce qui est y écrit. L’ambiance est bon enfant (11). On continue la séquence jeux par les chaises musicales : je finis troisième ! Me voir ainsi participer fait beaucoup rire toute la famille. En quittant la fête, je reçois comme tous les autres mon petit paquet de dragées que je garde précieusement en souvenir ! 
 
Avant de partir pour de nouvelles aventures, des voisines et amis de Yuri me confient (12) qu’elles vont apprendre le français pour qu’à mon retour, on puisse mieux discuter !
Je suis heureuse de tous ces bons moments passés en leur compagnie. 


Décidément, je ne me sépare plus de ma pirogue (1) ! En effet, c’est une nouvelle fois de cette façon que je me déplace pour traverser le fleuve qui sépare la Guyane du Brésil. Un pont a été construit, les travaux sont terminés mais l’inauguration (2) tarde à venir du coté du Brésil, me raconte un piroguier (3), qui ne sait pas ce qu’il va devenir quand le pont sera ouvert. 

Me voilà enfin au Brésil. Avant de continuer ma route, je pars m´enregistrer à la police fédérale. En tant que Française, j’ai droit à 90 jours sur le territoire brésilien.
Oiapoqué, le petit village situé au bord du fleuve, est très festif (4). C’est samedi soir et beaucoup de touristes sont venus passer le week-end ici pour faire la fête sans dépenser trop d’argent. Nombreux sont les vendeurs ambulants (5) dans les rues. Je goûte leur délicieuse caïpirinha, mélange de cachaça (alcool proche du rhum), de sucre de canne, et de citron vert. Je découvre la cuisine “au poids”, c’est-à-dire que chaque personne conçoit son assiette (viandes, crudités, poissons…) puis l’assiette est pesée (6) à la caisse. Je trouve ce système très économique et pratique ; ainsi, chacun mange ce qu’il a choisi ainsi que sa quantité. 

Le lendemain matin, je pars en direction de la première grande ville que je veux visiter : Belém. Mais, je vais devoir m’armer de patience (7). Je dois d’abord prendre un bus durant 12 heures. Il roule une grande partie du trajet sur une piste (chemin de terre) escarpée (8). Arrivée à Macapá, c’est un bateau-carbet qui m’attend. Il s'agit d'un petit bateau où chacun pose son hamac (9) sur le pont (10). Durant 24 heures, le bateau parcourt le fleuve. Le voyage est paisible et reposant. Il n’y a pas de touristes, seulement des Brésiliens qui partent travailler ou rendre visite à leur famille. C’est l’occasion pour moi d’apprendre mes premiers mots en portugais : bom día (bonjour), obrigada (merci).

Ce que j’apprécie le plus en visitant Belem est le Ver-o-peso. C’est l’un des plus grands marchés du Brésil. Je mange l’incontournable arroz, feijoada, carne (boule de riz farcie) que les Brésiliens mangent dans toute la région du Nordeste. Je vois également de l’açaï à toutes les sauces : en glaçe, en accompagnement, en jus. Je goûte cette spécialité mais ne peux terminer mon plat. La texture ressemble à du sang et le goût est âpre (11). Je préfère boire différents sucos (jus de fruits sans lait) et vitaminas (jus de fruits avec lait).

Le Brésil est comme je me l’imaginais, très exubérant (12). Il y a tout le temps de la musique dans les rues. Plus au sud de Belém, à Sao Luis, on écoute beaucoup de reggae. Tous les vendredis soirs, sur la place centrale, les habitants se rassemblent et font la fète.
Mais c’est à Fortalezza que je danserai ma première danse vraiment typique du Brésil : le forró.

 

Après avoir visité le littoral, avec les villes de Cayenne et Kourou, je décide de partir en excursion dans la forêt amazonienne. À l’aéroport de Cayenne, je prends un petit avion d’à peine huit places. Avant d’embarquer, je dois peser (1) mon sac à dos mais moi aussi, je dois monter sur une balance (2) ! C’est pour équilibrer le poids de l’équipage. Durant une heure, je survole la forêt amazonienne. Toute cette forêt est impressionnante et je me dis que si l’on s’écrase ici, personne ne nous retrouvera jamais ! Heureusement, on atterrit enfin et on arrive à l’aérodrome (3) de Maripasoula.
À partir de là, que faire, où aller ? Je suis perdue au milieu de nulle part.Quinze minutes plus tard, une navette (4) arrive et je traverse le village. Le chauffeur me dépose à côté du fleuve. Juste le temps de manger un morceau de poulet qui vient d’être grillé et me voilà sur une pirogue (5). Le piroguier (l’homme qui conduit la pirogue) va à Gran Santi, un village situé à trois heures plus bas sur le fleuve. J’ai de la chance car c’est la seule pirogue qui part cet après-midi, les trajets se faisant généralement le matin. Je m’assieds sur une planche en bois qui fait office de (6) banc. Je longe de petits villages, je vois des gens qui se lavent ou font la lessive dans le fleuve. Soudain, le piroguier me donne une bâche (7) car le ciel devient noir au loin. Il ne s’est pas trompé, quelques minutes plus tard, un violent orage s’abat sur nos têtes. Parfois, le piroguier fait des zigzags (8) au lieu d’aller tout droit. Après m’être renseignée, je comprends qu’il y a des rochers que l’on ne voit pas car le fleuve est haut. Le piroguier connaît le chemin par cœur, je me demande comment il fait pour se rappeler où sont les rochers dangereux et pour se repérer car autour de nous, il n’y a que des arbres. 
Enfin, j’arrive à Gran Santi. Il y a plein d’enfants qui viennent de terminer l’école et qui attendent une pirogue pour rentrer chez eux. J’ai le sentiment d’être en Afrique. Il n’y a que des petits enfants noirs qui ne parlent pas français. Pour dormir, il y a un carbet à l’interieur du village. C’est un abri dans lequel il y a des crochets (9) sur les poutres (10) pour pouvoir accrocher son hamac (11). J’ai tout le matériel nécessaire car en Guyane, dormir en hamac est fréquent. Je visite le petit village, il y a une école, une mairie. Soudain, j’entends des chants, je m’approche en pensant qu’il y a une fête, mais c’est une messe (12). Les gens sont comme en transe (13), ils chantent, ils dansent… rien de comparable avec la messe ennuyeuse du dimanche en France !

Le lendemain, je veux prendre une autre pirogue pour aller dans un petit village plus bas, à Apatou, mais il n’y a pas de liaison prévue ce jour-là. On me dit que je dois aller au village en face de Gran Santi, de l’autre côté du fleuve. On me fait traverser. J’essaie de me renseigner mais je ne comprends pas tout de suite pourquoi les gens parlent anglais. En fait, je réalise que de l’autre côté du fleuve, je ne suis plus en Guyane mais au Surinam. Et dans ce pays, la langue officielle est l’anglais.
Ici non plus, il n’y a pas de pirogue qui va à Apatou. Il faut alors attendre et faire du ”stop-pirogue”. Sur la berge (14) du fleuve, me voilà en train de faire des signes aux quelques pirogues qui passent. Après plusieurs heures, un piroguier s’arrête, il descend justement vers le sud. C’est reparti pour 3 heures de pirogue !
Pour regagner Saint-Laurent-du-Maroni, à l’ouest de la Guyane, deux possibilités s’offriront à moi : 4 heures de pirogue ou une heure de route, route qui vient juste d’être terminée. Je vous laisse deviner quel trajet j’ai choisi pour regagner la ville !



En voyage pour quelques mois, je commence mon séjour par la Guadeloupe, département français d’outre-mer, situé aux Antilles. Après 9 heures de vol au départ de Paris, j’atterris à Pointe-à-Pitre.
Il fait 30°.
À découvrir
La Guadeloupe est surnommée «  île papillon » car elle ressemble à cet insecte. L’aile gauche, c’est Basse-Terre et l’aile droite, la Grande-Terre.
Basse-Terre est recouverte d’une forêt tropicale très dense (1) qui offre un grand choix de découvertes au cœur de la nature. La route de la Traversée (comme son nom l’indique) traverse Basse-Terre horizontalement, de Pointe-à-Pitre à Bouillante. Au bout de cette route, vous trouverez un site de plongée incontournable : la Réserve Cousteau. En prenant le bateau pour retourner vers la réserve, vous aurez peut-être la chance de voir des
dauphins. Pratiquer la plongée avec masque et tuba à cet endroit est magnifique : on se trouve face à des poissons très variés par leurs formes et leurs couleurs. Un peu après la ville Bouillante, la Ravine Thomas permet de se baigner dans une source chaude où l’eau peut atteindre 70°, c’est parce que le volcan la Soufrière est tout près.
Autour du volcan, il y a trois chutes d’eau, dites Chutes du carbet. La deuxième chute de 110m est visible depuis un sentier (2) aménagé. Il est interdit de s’y baigner. La troisième, qui mesure 20 mètres de haut, s’atteint en une heure par un chemin qui passe en plein cœur de la forêt. Cette chute est la plus petite mais la plus puissante. Quelle joie de pouvoir s’y baigner après cette jolie balade !
En Grande-Terre, il y a aussi de beaux panoramas (3). Notamment à l’extrémité ouest de l’île, le sentier de la Pointe des Châteaux est agréable. On peut observer tout près l’île de la Désirado, célèbre pour son arbre « l’indigotier » qui permet de faire la couleur bleue indigo. Les villes de Saint-François et Sainte-Anne offrent les plus belles plages de l’île.
Si vous avez un peu de temps devant vous, vous pourrez prendre le bateau pour découvrir les îles aux alentours (4), telles que les Saintes ou Marie-Galante. Aux Saintes, des locations de scooters permettent de faire le tour de l’île mais la visite peut aussi bien se faire à pied. En haut de l’île, il est possible de visiter le Fort Napoléon.

Pani pwoblem !
(signifie en créole, il n’y a pas de problème ! Phrase souvent répétée par les habitants qui résume bien le climat de tranquillité qui règne sur cette île).
La cuisine
Les fruits sont nombreux : papaye, goyave, banane, coco, mangue… Tous plus goûteux (5) les uns que les autres. Quel plaisir de pouvoir les cueillir directement sur l’arbre ! Sur les marchés, vous pourrez manger ces fruits sous différentes formes (jus, beignet…). Je vous conseille le marché au Gosier, qui a lieu chaque vendredi soir. Les langoustes (6) sont répandues sur l’île et peu chères si l’on compare au prix de vente en métropole. Il vous faudra également goûter les boudins créoles noirs ou blancs, ces sortes de grosses saucisses très spéciales. Le Ti ’Punch (mélange de rhum, sucre et citron vert) est l’apéritif le plus courant. Si vous commandez un Ti ‘Punch, ne vous étonnez pas si l’on vous apporte la bouteille de rhum sur la table : la tradition veut que chacun dose son Ti ‘Punch selon son goût. À consommer avec modération bien sûr !


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